L'interruption volontaire de grossesse
Malgré les nombreuses méthodes de contraception accessibles aux femmes désirant jouir de leur droit de contrôler les naissances, on estime que chacune connaît au moins une grossesse non-désirée durant sa vie. L'interruption volontaire de grossesse, reconnue en France depuis la loi Simone Veil en 1975, remplit en quelque sorte une rôle de palliatif lors d'un échec de la contraception, sans pour autant être pratiquée systématiquement car elle n'est autorisée que dans certaines conditions. Il existe actuellement deux méthodes d'interruption de la grossesse, l'une qualifiée d'instrumentale (chirurgicale), l'autre de médicamenteuse.
II. La méthode instrumentale ou par aspiration
Cette méthode est pratiquée lorsque la grossesse ne dépasse pas les 7 semaines d'aménorrhée ou les 5 semaines à partir de la date présumée de la fécondation. Elle s'effectue en trois étapes :
1ère étape : La patiente doit prendre 3 comprimés d'un médicament appelé mifégyne ou RU-486 en présence du médecin. Entre 36 et 48 heures plus tard survient une métrorragie (à ne pas assimiler avec une expulsion de grossesse), il faut alors consulter le médecin de nouveau.
2ème étape : 36 à 48 heures après la prise du RU-486, on administre à la patiente un prostaglandine, hormone dont le rôle est de provoquer une fausse couche dans les heures suivantes. Cette prise peut être effectuée par voie orale sous forme de cachet ou par voie vaginale sous forme d'ovule. Cette fois-ci, la patiente est mise sous contrôle médical durant quelques heures car des saignements, des contractions ou d'autres signes d'expulsion de grossesse peuvent survenir. Après ces quelques heures, la patiente peut rentrer chez elle mais elle doit s'attendre à des saignements et des contractions. Quoiqu'il en soit, elle doit impérativement consulter à nouveau le médecin traitant 10 jours plus tard.
3ème étape : 10 jours après la 2ème prise médicamenteuse, la patiente consulte donc le médecin qui évalue alors le niveau de réussite de lopération et vérifie que la fausse couche ait bien eu lieu. En effet, il se peut qu'il y ait un échec et que la grossesse continue d'évoluer, même si le risque est peu élevé (5% environ). Si la grossesse n'est pas interrompue, on applique la méthode chirurgicale.
II. La méthode chirurgicale ou par aspiration
Après les 7 semaines d'aménorrhée, la méthode médicamenteuse n'est plus suffisante et il faut avoir recours à une opération chirurgicale. Elle est légalement possible jusqu'au terme des 14 semaines d'aménorrhée.
Cette méthode consiste à vider la cavité utérine de son contenu avec un appareil d'aspiration destiné à cet usage.
Tout d'abord, il est possible de faire suivre à la patiente un traitement médicamenteux pour dilater le col utérin si nécessaire, par voie orale ou vaginale. Il lui est obligatoirement administré du RU 486 pour stopper la grossesse et provoquer une fausse couche, puis elle est mise sous anesthésie locale (en gelant le col utérin) ou générale (en endormant la patiente). On utilise un hystéromètre pour mesurer la longueur de la cavité utérine et ainsi réduire les risques de perforation de l'utérus ;
Hystéromètre permettant d'évaluer la longueur de la cavité utérine
puis on introduit des sortes de bâtonnets appelés bougies, dont le diamètre de plus en plus grand permet de dilater le col utérin et faciliter l'accès au contenu de l'utérus.
Bougies permettant la dilatation du canal utérin
Ensuite, le médecin y introduit un tube relié à une pompe d'aspiration similaire à celle utilisée par les dentistes. Une fois l'aspiration terminée, il procède à un curetage, c'est-à-dire qu'il introduit une curette destinée à éliminer les tissus restant de la paroi utérine.
Curette utilisée pour l'évacuation des résidus suite à l'aspiration
L'avantage de cette méthode est qu'elle présente un taux de réussite élevé (99%).
Il est important de savoir que l'IVG présente certains risques pour les femmes qui y ont recours. En effet, la patiente peut avoir des saignements, des crampes et des douleurs pouvant persister jusqu'à une semaine après l'intervention. Même si elles restent très peu fréquentes, des complications graves peuvent survenir telles que des infections, des lésions utérines, une perforation de l'utérus ou une hémorragie. Dans le cas d'une aspiration incomplète, une rétention peut être source de pertes de sang abondantes. L'"abus" de l'IVG peut également influencer la fertilité de la femme concernée, elle ne doit donc pas être considérée comme un moyen contraceptif. Enfin, il ne faut pas négliger les conséquences qui peuvent intervenir sur le plan psychologique telles que les dépressions nerveuses, l'anxiété... Ce sont sans aucun doute les conséquences les plus fréquentes car les femmes ayant subi une IVG ressentent souvent beaucoup de culpabilité et ont le sentiment d'avoir tué leur enfant. Il est donc nécessaire de prévoir un suivi psychologique suite à l'avortement.
Quelle que soit la méthode utilisée, le médecin effectue obligatoirement une démarche informative auprès de la patiente pour la prévenir des conditions de l'opération et des risques qu'elle encourt pour ses maternités futures et pour elle-même car l'IVG n'est pas sans risques. De plus, il doit lui même être informé de la dernière apparition des règles, de la date du début de grossesse si elle est connue, mais aussi des explorations déjà réalisées telles que d'éventuelles échographies ou un dosage sanguin.